Interview de Patrick Caballero, entrepreneur artisan et gérant de la fabrique de carreaux émaillés en terre cuite.

Depuis combien de temps faites-vous ce métier ?

Je suis entré dans l’usine de fabrication de carreaux de Monsieur Gasnier à l’âge de 15 ans. J’y ai appris le travail de la terre, de l’extraction à l’émaillage en passant par le broyage, le moulage et le pressage.

Monsieur Gasnier est parti à la retraite en 1995, j’ai repris l’usine à mon compte.

Comment l’usine a t-elle évoluée depuis votre arrivée ?

Nous sommes restés une entreprise artisanale, le broyage et le malaxage se font toujours à la main. L’évolution s’est faite, en fonction de la demande, dans le mode de fabrication. Aujourd’hui nous pressons les carreaux puis les découpons, avant ces deux opérations étaient réalisées simultanément avec des moules.

Nous avons également changé le broyeur et le tamis, la terre est plus fine et elle peut être utilisée pour faire de l’enduit.

Le plus grand bouleversement s’est opéré au niveau de l’émaillage avec un choix des couleurs considérablement étendu.

Pourquoi choisir vos carreaux ?

Mes carreaux font 2 cm d’épaisseur et ils sont cuits à 1200°C, cela les rend très résistants contrairement aux carreaux industriels qui n’ont que 5 mm d’épaisseur. Les miens durent toute une vie !

Les carreaux sortant des grosses usines sont identiques alors que je ne réalise pas 2 carreaux semblables. Ils sont tous différents, flammés, on peut en faire un nuancier.

Pourquoi la terre de La Rouchouze est-elle si réputée ?

Contenant 20% d’alumine, elle est réfractaire. Cette haute résistance au feu lui procure de nombreux avantages, comme celui de garder la chaleur et de procurer un sol confortable.

Elle est prisée par les céramistes car sa consistance lui donne une bonne tenue pour les pièces en hauteur. Elle supporte également les chocs thermiques, elle est donc particulièrement utilisée avec la technique d’émaillage du Raku. Elle peut passer de 1000°C à température ambiante sans craquer.

Ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

La terre… c’est un matériau naturel, ce n’est pas une science exacte, on en apprend tous les jours… il m’arrive encore d’être surpris par une texture, une couleur…

Votre plus beau souvenir ?

La visite de Maitre Irufai, lors du festival « Samourai Japon ». Il venait tous les jours à l’atelier, on a partagé des repas, des méthodes de cuisson de terre… Un échange de culture inoubliable.